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Extrait
Le téléphone sonna. J'étais seule à la maison. Je venais juste
de quitter mon travail et de rentrer. Je décrochai.
-"Allô, dit-il, il devient urgent de changer. Cessez de tergiverser..."
Cette voix inconnue, d'homme qui ne s'était pas présenté, et cette phrase insolite, me
laissa un instant interdite. Puis je pensai à une conversation interrompue, et reprise, une erreur certainement.
-"Vous vous trompez de numéro" répondis-je.
-"Non, non, je ne me trompe pas, et vous me connaissez parfaitement, mais vous feignez de m'ignorer. Quant à moi, je sais qui vous ETES".
-"Et à qui croyez-vous donc téléphoner ?"
Cette insistance commença à m'irriter et à
m'inquiéter à la fois.
-"A Marie-Pierre Désormeaux..."
Mon nom prononcé par cette voix dont
j'ignorais le propriétaire, me fit frissonner. Je ne lui laissai pas le temps de continuer.
-"Qui êtes-vous ?
L'homme esquiva ma question et
continua:
-" Marie-Pierre Désormeaux, vous ne savez plus très bien où vous en êtes en ce moment même dans votre vie".
-"Je sais mieux que quiconque..."
Il me coupa
la parole cinglant :
-"Vous ne savez rien, et avant de raccrocher, écoutez le message que j'ai à vous transmettre. Il se résume en trois mots : CHANGER SANS TERGIVERSER".
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L'ÉVEILLEUR
Pour son huitième recueil de Poésie Annie Malochet nous entraîne par une étrange Odyssée vers un espace lové dans une époque peut être très ancienne mais à la géographie non identifiée
Ceux-là qui vivaient et s’alanguissaient dans la torpeur de cette île furent sortis de leurs songes par «l’Eveilleur » qui, après sa révélation resta caché mais laissa de sa présence incompréhensible une intense nostalgie car «‘sa nuit’/ fut éclat éblouissant/de lumière ».
Lors d’une longue marche, ils chemineront, pas à pas, ignorant leur destination.
Sans le vouloir, sans le savoir ils marchèrent vers « Lui » ce Centre où « Les messagères/aux griffes d’acier/labouraient et pétrissaient/l’être nu/livré à l’incandescence » mais le voyage, pour autant, n’avait pas encore pris fin…
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La vie laser
C’est la vie laser,
lumière tranchante
comme un rasoir
qui taille dans nos espoirs,
découpe dans notre futur
des silhouettes
aux angles aigus,
dépouillées des fioritures
de nos illusions.
Elle traque nos rêves
les plus fous, les plus ornés,
les plus mensongers
que nous chérissons
tendrement
en notre nuit intérieure.
C’est la vie laser
qui travaille nos émotions,
diamant brut
qu’elle arase, meule
pour en jeter derrière nous
les scories,
que nous laissons,
au bord de la révolte,
en pleurant, en criant.
Mais le sculpteur inconnu
dans sa joie de créer
oublie l’imperfection
et laisse son œuvre
dans la douleur.
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La Cité des Plaines
La mémoire amasse les souvenirs croyant ainsi retenir le temps, les transformant le plus souvent et n’en présentant que leurs empreintes fossilisées, qu’elle affirme être la réalité.
Néanmoins n’est-ce pas plutôt le temps, songe sans fin, qui se moque de la mémoire ?
Naïr dans ce double jeu retrouvera-t-elle Rujnâ et échappera-t-elle à la boucle du temps qui enserre inexorablement la Cité des Plaines ?...
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Extrait
Chaleur verte
Chaleur verte de midi
dans la touffeur éruptive
des feuilles immobiles.
Vert moiré
qui scintille
en ondes nacrées
sous l'haleine imperceptible
de l'alizé qui s'endort.
Vert acide
qui arrache de la torpeur
et fait courir sur la peau
des frissons d'âpre fraîcheur.
Vert flétri
au corps d'insecte
qui s'incline vers le sol
en un ultime sommeil.
L'ombre
aux traits incertains
griffée par le soleil
en fusion
s'oxyde
sur la terre trop lourde.
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Petite Cantate des Mouettes
Annie Malochet vous invite à une promenade à travers lieux et saisons d'une ville : Marseille, ses alentours et plus à l'intérieur encore, sur cette terre de Provence, loin des dépliants touristiques, mais qui toutefois, reste accompagnée du chant assourdissant des cigales, enveloppée de l'odeur sauvage et agreste du thym, du romarin, des pins et de la fragrance miellée et subtile de la lavande et du mimosa.
Il neige sur Marseille
A petits bruits de rien,
en doux soupirs, il neige,
il neige sur les jardins,
il neige sur le Prado,
et les arbres engourdis s’emmitouflent
dans un vêtement
dont l’éclat immaculé
orne le ciel gris
d’une fourrure de fête.
Il neige sur Marseille,
alors la ville n’en finit pas
de s’étonner ;
tous ces cristaux ! Tout ce froid !
Le soleil qui ne brille plus,
et les mouettes qui se sont tues.
Etrange saison,
qu’elle ne reconnaît pas comme sienne.
Elle, si méridionale
prend des allures de Moscou
ou de Varsovie
qui l’enchantent en secret
avec un brin de peur et de déraison ;
ne va-t-elle pas aussi basculer
vers le grand nord ?
Mais elle s’ébroue lentement de son rêve,
ce n’était qu’un petit instant de frimas,
pour se mettre à l’unisson
du temps de l’Avent,
et annoncer la grande fête de Noël.
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Ile nue
Une île
et son cœur d'eau claire.
Un arc de corail dessiné
à la surface de la mer.
Ebauche de tous les possibles
qui émerge de l'indifférencié,
ou fin d'un rêve qui s'engloutit
dans l'état bienheureux
de l'inconscience marine;
nul ne sait,
mais chacun y dresse son désir
sans que personne ne s'y oppose.
Cristal de l'air,
brisé
par les rhombes vrombissants
des abeilles
que les fleurs offertes
nourrissent
dans le silence et l'immobilité,
tandis que les palmes
rêvent en frémissant,
emportées par les images
nées d'une brise de mer.
Plages roses de coquillages
plages blanches de corail,
bordées
par la lumière liquide
d'une émeraude.
Ile nue
où les destins s'abolissent
dans l'absence immaculée,
où s'éveille soudain
la présence
de l'indicible.
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La première édition de « Récits de Tahiti » étant épuisée,
une deuxième édition a été publiée par Edilivre, avec
préface du Secrétaire perpétuel de l'Académie des Jeux
Floraux de Toulouse
Extrait de « Les Géants sous la lune »
La pleine lune éclairait la prairie de Tahaa et nimbait les Moais d'une clarté mystique, inhumaine. Et pourtant il participait à cette assemblée de titans, ou plutôt il se sentait admis dans le rang des géants. La lune luisante et pleine brillait d'un éclat bleu d'acier sur l'herbe de la prairie qui frémissait sous le vent venu de la mer. Dans sa lumière, les Moais se dressaient encore plus élancés, plus colossaux vers le ciel et leurs étranges chapeaux noirs de pierre paraissaient se perdre dans les nuages sombres qui parcouraient le ciel au rythme de la brise. Colonnes de pierre, mystérieuses, érigées, on ne sait par qui, elles s'élevaient, le dos tourné à la mer, face à la terre comme pour la protéger. Comme pour protéger l'île du charme de leur simple regard aveugle. Charme rompu depuis longtemps déjà, lorsqu'ils laissèrent l'Ile de Pâques être envahie par des Européens venus de l'autre face du monde. Mais, cette nuit, ils étaient à nouveau, habités de leur pouvoir mystérieux, de ce "Mana" que leur attribuaient les Pascuans qui leur permettait entre autre, selon la légende de se déplacer par leur propre force. Ils officiaient à une antique cérémonie, comme les maître de la nature. Le vent qui courait dans les herbes, la mer qui se brisait sur les rochers et la lune qui appelait les ombres, les réveillaient de leur sommeil. Il s'assit à leurs pieds pour les écouter. Toutes les voix humaines s'étaient tues. Dans la solitude, il pouvait enfin les entendre et communiquer avec eux.
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Extrait de « Drôle de rêve »
A ce moment là, il aurait été bien incapable de dire depuis combien de temps, ni pour quelle raison, il se trouvait dans cet endroit. Il était là tout simplement. Devant lui se dressaient deux êtres qu’il n’avait pu tout d’abord identifier ; un corps allongé, des pattes multiples et des ailes qui produisaient d’étranges crissements lorsqu’elles se soulevaient. Ils semblaient provenir de ce long boyau noir, souterrain. Puis soudain, il les reconnut : c’étaient des blattes, en d’autres termes des cancrelats, des cafards, des insectes orthoptères. Ce nom savant lui revenait comme une étrange réminiscence d’un autre temps, d’un autre monde, mais si fugitif, qu’il ne s’y attarda point. L’horreur de la situation était à son comble ! Il se trouvait face à des cancrelats qui avaient la même dimension que lui. Un frisson de terreur ruissela de ses omoplates jusqu’au coccyx. Mais sa frayeur se mua en curiosité lorsqu’il les entendit parler. Il comprenait leur langue, ou bien les blattes parlaient sa langue, il n’eut pas le temps de résoudre ce problème. L’un des insectes s’avança, le regarda de ses yeux globuleux, le toucha de ses antennes poilues, à sa grande répulsion....
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MOBILE ET ALIBI
Pierrot a posé
sa plume, il n’écrira plus.
Colombine lui a offert
un mobile,
un appareil
qui tient dans le creux de la main
habillé d’une jaquette grise,
de boutons de métal,
qui d’un clic
le transporte vers l’aimée,
lui ouvre
le plus secret de son jardin,
voix immatérielle
qui se glisse dans son oreille
en vertige enivré.
Téléphone sans fil
dit-elle
mais ses appels
sont comme des cordes de soie
des lassos
qui sifflent
pour mieux le captiver
le capturer
et le ramener vers elle.
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Comme le temps passe vite
Et ces enfants
Jouaient au ballon
Sur l’herbe verte de l’été
Qui sentait si bon !
Le bonheur d’être là,
Pour tout, pour un rien :
Le chant du grillon
Dans une haie
Le vol d’un papillon
Au-dessus des coquelicots
Et la journée qui n’en finissait pas de s’étirer
Comme un siècle de mille ans.
Lorsque les enfants se sont éveillés
A l’étroit dans leurs habits trop petits
Parfois il faisait beau
Parfois il pleuvait
Mais dans leur cœur
Ils étaient moins heureux,
Et le temps soudain
Se mit à trotter,
Puis à galoper, tant et tant,
Qu’une année s’écoulait comme un jour.
Les enfants qui ont vieilli trop vite
Sans s’en apercevoir,
Écoutent parfois la stridulation d’un grillon
Contemplent l’or du crépuscule
Mais comme c’est étrange
Plus rien n’est comme avant !
J’écris…
J’écris… J’écris,
Pour traquer le mensonge, l’illusion,
Pour retrouver la page blanche
Vierge, immaculée
D’avant le tonnerre des mots
D’avant l’ouragan des pensées
D’avant même la déchirure de la lumière.
J’écris pour débâtir
Les châteaux en trompe-l’œil,
Ceux que j’ai pris pour ma demeure
Lorsque je ne comprenais pas
Que je n’avais rien à choisir.
J’écris pour me consoler
De mes vaines espérances
Pour apaiser la douleur insatiable
De mon insondable ignorance.
J’écris dans un geste lent,
Sans plume,
Pour apprivoiser le silence
Et écouter la vie.
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Extrait de « Le Tamarinier »
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Mais, de jour en jour, ses méditations sous l’arbre se font de plus en plus longues. Elle est maintenant certaine qu’un contact s’est établi entre elle et le tamarinier. Elle comprend de mieux en mieux cette immobilité et s’imprègne des images, tout en sensations lentes, que l’arbre lui transmet. Cette communication est si réelle qu’elle en ressent une grande joie et la conviction intime que le tamarinier a enfin appréhendé son désir, son besoin irrésistible dont l’origine lui échappe totalement.
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Pêcheur solitaire
-Pêcheur solitaire
Assis au bord de la corniche
Que ramènes-tu
Au bout de ta ligne ?
-Tu vas rire peut-être :
Aucun poisson !
Je pêche mes propres songes
Cachés entre les rochers
Sous l’écume de la mer,
Et puis aussi la nuit
Dans la transparence de sa clarté
Je ramasse au bout de l’hameçon
Les reflets multicolores
Des lumières de la ville
Qui viennent de l’autre rivage
Ainsi que des quartiers de lune scintillants
Flottant sur les vagues.
Je range précieusement
Cette récolte
Dans ma boîte aux trésors,
J’y ajoute en plus :
L’humeur fraîche du vent
L’odeur iodée du large
Le feu des étoiles,
Ces inoubliables cadeaux
Me parlent dans l’instant même
Et m’emplissent d’une joie tranquille.
Le silence
M’a rendu très riche.
Ici, l’espace et le temps m’appartiennent
Et je vais dans mes rêves
Comme en d’innombrables voyages.
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Note de l’auteur-1
Ce conte-roman « Les rivages incertains du temps » a obtenu une médaille d’argent en 2010 à l’Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Arras (sur manuscrit).
Voici en résumé ce qu’en dit le jury du concours de prose :
« Ce voyage initiatique, avec ses luttes, ses obstacles, ses épreuves est bien imaginé et conduit jusqu’à la fin avec le même souffle et des images poétiques originales. Ce considérable ouvrage “d’heroïc fantasy” comme disent les Anglosaxons, se voit attribuer par le jury une médaille d’argent »
Note de l’auteur-2
Ce conte roman évoque curieusement des sujets qui sont d’actualité, alors qu’ils ne l’étaient pas il y a trois décennies environ lorsque j’ai imaginé et écrit cet ouvrage, notamment les thèmes de l’identité, de l’intégration, du port du voile pour les femmes, des jeux de rôle, mais évidemment la société dans laquelle va être entraînée l’héroïne par une étrange et incompréhensible torsion du temps est de façon surprenante, à la fois différente et semblable à celle qu’elle connaissait et à celles qui existent actuellement de par le monde…
Par ailleurs, le temps n’est peut-être pas ce que l’on croit et il se pourrait que des univers avec des temps différents coexistent dans un même ensemble. Et qui pourrait dire que le temps de la pensée est le même que celui du corps physique ?
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Leurs mains
Et leurs mains se rencontrèrent
Loin de ces corridors d’absence
Que le temps bâtit dans la mémoire.
Elles eurent vive reconnaissance
Dès leurs effleurements,
Leurs caresses.
Dans leurs paumes réunies,
Précieux tabernacle
Elles déposèrent
L’inestimable trésor.
De leurs doigts habiles
Tissèrent mille filets de bonheur
Avec des éclats de soleil,
Des reflets de lune et d’étoiles
Et l’obscurité devint lumière.
Mais, on ne sait qui,
Par ruse, par haine,
Par inconscience,
Implacable mystère,
Défit leur étreinte.
Depuis lors
Dans le désarroi
Leurs mains tremblantes
Ivres de douleur, recrues d’attente
Se cherchent avec désespoir
En ces longs corridors
Que le temps bâtit sans cesse
Où pleure l’infinie souffrance
De l’absence.
En Norvège
Au-dessus des fjords,
Des nappes de nuages,
En traîne, en voile.
Des montagnes si hautes,
Comme les genoux pliés
Des cyclopes.
Des prairies habillées
De vertes lumières,
Où sont posées,
Minuscules jouets
Les maisons rouges et ocre
Des hommes.
Points blancs
Au ciel qui virevoltent ;
Autant de mouettes
Bavardes,
Dans le silence
Aux vibrations infinies
D’une sérénité
A l’aurore de la terre.
BBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBB
Extrait de « Labyrinthe de Monsieur Dédale » dans « Les enfants du
Pouvoir »
– Ah ça ! Je vous y prends ! Qu’est-ce que je vous avais dit tout à l’heure ? C’est pas encore effacé cette cochonnerie ! Toi, Louis, viens ici !
Paul courageusement riposta.
– II ne peut pas t’entendre P’pa. Il est à l’intérieur du labyrinthe, mais bientôt il va en ressortir de 1’autre côté.
– Qu’est-ce que tu chantes ? Tu vas voir, je vais le chercher.
– Non P’pa, n’y vas pas comme ça ! Avant d’entrer il faut que les paroles magiques aient été prononcées ! C’est toute une cérémonie, sinon…
– Sinon quoi ? Antoine Dédale rougit de contrariété ;
– Sinon tu risques de te perdre et de rencontrer…
– Qui ? Quoi ? »
– Le monstre… Celui qui habite au coeur du labyrinthe et qui garde le trésor sacré !
BBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBB
Couronnée
D’ellébore et de romarin
Elle marche sans répit
Au funeste pays
De buis et de joncs.
Forêts profondes du Septentrion,
Chemins de labyrinthe
Où ses pas
Vont d’errance en errance
Sans retenir
Le nom de leur destination.
Pays d’exil,
Exil de soi,
Dénuement du sol
Racines délavées
Au sel de l’oubli.
Chaos ou désert,
Elle ne sait.
Elle vit chaque jour
En mourant,
En quête d’un royaume perdu.
Extrait de "L'exil de la reine"
QQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQQ
La Brèche et le Serpent
ou
L’Impermanence
En tant qu’êtres incarnés, nous les humains n’échappons pas au temps qui s’écoule sans nous demander notre autorisation quels que soient notre avis, notre comportement à son égard. Dans sa course, je dirais même dans sa danse, il nous entraîne bon gré, mal gré dans des situations toujours changeantes car il est l’impermanence même. Dans ce poème il s’agit de l’éveil d’une conscience à cette réalité, que nous percevons la plupart du temps de façon mentale uniquement et non avec la totalité de l’être
Longtemps j’ai dormi…
Au jardin d’Eden,
Longtemps j’ai dormi,
Emerveillé
Par le bruissement voluptueux
De ses arbres
Aux cimes infinies.
Mes jours s’ouvraient
Comme pétales de rose,
D’une douceur moelleuse,
Et je m’enivrais
De leur parfum
Troublant et énigmatique.
Pour la fleur qui se fanait,
L’oiseau terrassé au sol,
Le papillon aux ailes crucifiées
Par l’épine,
Pour l’amour qui fuyait
Derrière les taillis,
Il n’y avait pas de douleur ;
Une simple torpeur
Bercée par l’oubli.
Je vivais sur ses coteaux ensoleillés
Pris au filet de sa lumière.
J’ignorais la nuit et ses ombres.
Les yeux grands ouverts,
Le cœur en bouton serré,
J’ai dormi trop longtemps
Au jardin d’Eden.
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Recueil de Nouvelles qui à obtenu une médaille d'or à l'Académie d'Arras en juin 2017
Extrait
La fille du mur
Je ne peux pas l’oublier... Surtout aux dates anniversaire.
C’était il y a cinquante ans... Certains vous diront
qu’au bout de tant d’années, on finit par oublier... Oui,
mais moi, je ne peux pas, je ne sais pas.
Chaque détail me revient en mémoire lorsque je retourne à
ces instants... Instants magiques qui ont transfiguré ma
vie, l’ont changée, l’ont bouleversée, l’ont aussi assombrie,
totalement... Si seulement j’avais été lors de cet instant
plus vigilant... Si je lui avais demandé son adresse exacte et
son nom... Mais j’étais tellement ébloui que je n’étais pas
en mesure d’assembler des indices, des repères pour le
futur tant j’étais plongé dans un état de joie, je dirais même
de félicité, mais de cette félicité active qui me faisait danser
intérieurement……..
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L’orange pressée
Depuis que sa compagne
L’avait quittée
Arrachée de leur branche
Par des inconnus
L’orange pressée
D’en finir
Se faisait ronde et juteuse
Se parait de couleurs semblables
À celles d’un couchant d’incendie
Annonçant un lendemain de grand vent.
Des mains la cueillirent
La mirent dans un panier
Avec bien d’autres
Et la jetèrent… Dans une centrifugeuse.
Son jus en entier extrait
Elle resta exsangue
La peau sur le zeste
Sans ménagement fut jetée à la poubelle.
C’est ainsi qu’elle termina sa vie
Orange pressée
D’en finir.
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Une consultante
Roi de coeur
Et sept de carreau
Un homme qui vous aime
Est en voyage
Je le vois dans ma boule de cristal
Galoper sur un cheval
Non, on me dit une jument
Il file comme s’il avait…
S’il avait, la police à ses trousses…
Oui, c’est bien lui mon mari
Évadé de prison
Il est en cavale
Mais je le verrais plutôt
En voiture qu’à cheval.
C’est un symbole Madame
Je vois en symbole…
Ah ! S’il ne peut pas faire autrement
À cheval ou en symbole,
L’essentiel
Est qu’il échappe à ses poursuivants.
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Décharge, poubelles, ordures, déchets, détritus, autant de noms rattachés à ce que les humains jettent et considèrent comme impropres et inutiles à leur consommation. Mais, partis de si bas, les personnages de cette comédie ont tout de même pu se hisser au sommet de leur carrière. Comme quoi l’inutile peut-être un terreau utile. Du moins, un ferment de l’invisible, en certaines circonstances et suivant les modes de la société. Une pièce de théâtre en cinq actes, déjantée, burlesque et loufoque, qui peut se lire comme une nouvelle.
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Dans ce nouveau recueil l’auteur va vers l’invisible : ce qui ne peut être perçu par nos cinq sens ordinaires de Terrien. La Science Physique à ce jour en vigueur a dénombré, calibré, calculé, cerné de nombreux paramètres, mais depuis un siècle la Science Physique s’est engagée vers un domaine jusqu’alors inconnu dénommé maintenant « Physique quantique » en étudiant le microcosme qui bouleverse les connaissances actuelles. L’invisible peut être révélé par des lois qui défient ce que nous connaissons, dans une logique qui ne nous est pas habituelle même scientifiquement parlant : un corpuscule par exemple peut être à la fois mort et vivant…L’auteure qui n’a pas une formation scientifique n’ira pas plus loin, elle reste elle-même dans une grande perplexité se contentant de s’interroger sur « l’infime, le rien et le silence »….
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Annie Malochet
J'habite au 6 de l'avenue
Annie Malochet est née dans le lointain Vietnam et y a vécu jusqu’à l’âge de dix-neuf ans. À l’âge Adulte pour des raisons professionnelles mais aussi touristiques elle a sillonné le globe : Martinique…Tahiti…Depuis quelques années elle s’est néanmoins « posée » à Marseille où elle demeure maintenant. À ce jour, elle a publié vingt-neuf ouvrages dont dix-huit de poésie. L’auteure est lauréate de quatre Académies en prose comme en poésie : Jeux Floraux de Toulouse, Arras (Médaille d’or en juin 2017) Lyon et Marseille ainsi que de cercles littéraires comme la Société des Poètes Français, Les Écrivains Roussillonnais, la Société des Poètes et Artistes de France, les amis de Maurice Rollinat dont elle a été lauréate en novembre 2017.
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Le dernier poète
Quand le dernier poète mourra,
Les étoiles pleureront
Des larmes de poussière
Et s’éteindront une à une
Couvertes de l’oubli.
La lune fraîche et belle
Se fardera
Des couleurs irisées
Des prostituées
Et dans un rire dément
Se disloquera
En des ruisseaux de sang
Dans les cœurs à vif.
Quand le dernier poète
Mourra,
Les fleurs
Perdront leurs couleurs
Et se faneront
Avant même d’éclore
Et jamais plus
Nous n’en connaîtrons
Leur parfum.
Et dans tes yeux,
L’amour,
Ce grand lac d’eau claire
Se desséchera.
Quand le dernier poète
Mourra
Que deviendrai-je alors ?
Alors…
Avant que le dernier poète
Ne meure
J’irai dérober
Dans son regard
La flamme
Qui éclaire le monde
Et j’embraserai la terre
Avec cette dernière braise.